Une juge fédérale américaine impose à l’artiste originaire Nouvelle-Orléans de faire valider les paroles de ses chansons avant toute sortie musicale dans le cadre sa liberté conditionnelle.
Pour Christopher Dorsey, toute création artistique devra désormais passer par la justice. Le rappeur de 43 ans, mieux connu sous le nom de B.G, est appelé à faire approuver le contenu de chacune de ses chansons par l’autorité judiciaire avant leur publication.
Ainsi en a décidé, le 28 juin 2024, la juge fédérale Susie Morgan, lors d’une audience consacrée à la violation par l’artiste de sa liberté conditionnelle. Condamné à 14 ans de prison en 2014 pour port d’armes illégal et entrave à la justice, B.G a été relâché en septembre 2023 sous certaines conditions.
Au nombre de celles-ci figurent entre autres, l’interdiction de s’associer avec tout repris de justice. Une décision sur laquelle il est passé outre en se produisant notamment avec les rappeurs nommés Boosie et Gucci Mane.
Menace pour la réhabilitation
Alors que les procureurs souhaitaient qu’une interdiction de « promouvoir et de glorifier la violence par armes à feu ou le meurtre » dans ses prochaines chansons, soit infligée à Christopher Dorsey durant sa période probation, le tribunal s’y est montré réticent.
La juge Susie Morgan craignant notamment qu’une telle mesure fasse entrave à la liberté d’expression de l’artiste, a imposé la validation préalable de ses textes par la justice.
Le tribunal laisse par ailleurs aux procureurs, la possibilité de demander une modification des règles de la conditionnelle de B.G s’il s’avère que des paroles de sa chanson sont contraires aux objectifs de sa réhabilitation.
Une pratique problématique
L’avocat de B.G., Maître David Chesnoff, s’est dit satisfait, dans un communiqué rapporté par la presse américaine, que ses œuvres artistiques ne soient pas directement censurées, tout en déplorant un certain contrôle gouvernemental.
Cette affaire marque une nouvelle illustration d’une pratique judiciaire de plus en plus décriée à l’encontre des artistes.De nombreux observateurs dénoncent en effet le traitement spécifique réservé aux rappeurs par la justice américaine. Plusieurs affaires récentes ayant montré que les paroles de leurs chansons pouvaient être utilisées contre eux lors de procès.
Le documentaire baptisé « As We Speak » sorti en février dernier sur la plateforme Paramount+ a dénombré à cet effet, plus de 700 affaires pénales impliquant différents artistes, avec un soupçon de double standard vis-à-vis des personnes afro-américaines.
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