L’événement culturel perd un membre de son jury sur fond d’affaire de mœurs, un peu plus de deux mois après le départ du directeur pour des raisons similaires.
À une dizaine de jours de son lancement cette année, le Festival du cinéma américain de Deauville, rendez-vous culturel incontournable en Normandie, se retrouve empêtré dans la polémique. Pour cause, Ibrahim Maalouf, précédemment membre du jury, vient d’être écarté.
Aude Hesbert, directrice du Festival révèle à cet effet qu’il s’agit d’une décision en lien avec une affaire ayant impliqué l’intéressé. Le trompettiste franco-libanais avait été accusé d’agression sexuelle sur mineure en 2013.
Condamné en 2018 à quatre mois de prison avec sursis en première instance, il a été relaxé deux ans plus tard en appel, faute « d’éléments pertinents, précis et concordants », au grand dam de la plaignante et ses proches.
Une présence « problématique »
« La présence d’Ibrahim Maalouf devenait de plus en plus problématique pour la bonne tenue, sereine, d’un festival qui fête son 50e anniversaire », a justifié Aude Hesbert ce samedi 24 août, dans un entretien publié à La Tribune.
La directrice ajoute que « les réactions » sur les réseaux sociaux et dans les médias à la suite de l’annonce du jury et le contexte délicat hérité de son prédécesseur ont également contribué à motiver cette « décision difficile » qu’elle « assumera jusqu’au bout ».
Aude Hesbert qui promet plus de vigilance à l’avenir sur les questions relatives aux MeToo a donc tranché dans le vif, malgré l’innocence de Maalouf vis-à-vis de la justice. « Ce n’est pas à moi de juger, punir ou condamner », se défend-elle.
Une vive protestation
De quoi susciter l’ire de l’avocate de l’intéressé, Fanny Colin. « Le festival sacrifie un innocent sur l’autel du principe suprême »the show must go on » pour des intérêts mercantiles », a-t-elle fustigé dans un message cité par l’AFP.
« C’est tout aussi publiquement et devant les tribunaux qu’il (Maalouf) combattra cette éviction injuste et déshonorante pour ses auteurs », promet par ailleurs l’avocate, dans le même message.
Cette affaire pose la question des limites à franchir ou pas après un procès. Faut-il exclure définitivement toute personne un temps mise en cause par la justice, malgré une relaxe, au risque d’instaurer une forme de justice parallèle ?
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