France : polémique autour du nouveau morceau de Jul

Le dernier titre du rappeur marseillais, « Toi et moi », est soupçonné d’avoir été entièrement généré par intelligence artificielle. La controverse révèle les enjeux croissants de l’IA générative dans la musique contemporaine.

« Quand je t’ai vu ma chérie, tu m’as regardé dans les yeux et tu as pris ma main et tu m’as embrassé. Toi et moi, j’ai senti qu’on était fait pour être ensemble ». Et si ces paroles du titre « Toi et moi » de Jul provenaient de l’intelligence artificielle ?

C’est en tout cas la conviction d’une large partie du public depuis la sortie de la chanson, vendredi 1er août. En cause : plusieurs indices détectés par les internautes, jugés très éloignés du style habituel de l’artiste, de son vrai nom Julien François Alain Mari.

« Au final, c’est la première chanson de Jul où on comprend toutes les paroles », a raillé un internaute sur YouTube. « Je vote pour l’hallucination collective », a poursuivi une autre à propos de ce titre désormais écouté près de deux millions de fois sur cette plateforme.

Même LnKhey, beatmaker reconnu dans le milieu, s’est engouffré dans la polémique en réalisant une vidéo explicative pour étayer la thèse de l’utilisation de l’intelligence artificielle par celui qui représente à ce jour le rappeur français le plus vendu.

Une enquête technique accablante

« C’est évident à l’oreille. (…) Je pense qu’ils ont généré un son entier par Suno sauf que de base ce n’était pas la voix de Jul. Donc ce qu’ils ont fait c’est qu’ils ont utilisé une autre IA pour enlever la voix principale et encore une autre IA pour transformer la voix de base en celle de Jul « , a indiqué l’ingénieur de son, sur X.

Qualité audio inférieure aux productions habituelles de Jul, résonances artificielles pendant les silences et basculements incohérents entre son mono et stéréo, sont entre autres pointés du doigt par LnKhey.

Pour Paul Fleury, chercheur et musicien, doctorant à l’Université de Rennes 2, interrogé par France 24, l’utilisation de l’IA par Jul ne constituerait pas une substitution complète de l’artiste, mais plutôt une « hybridation » créative.

Une absence d’obligation légale

« Ce qui est frappant avec cette chanson, c’est que ça voit les mélodies qui sont utilisées, l’instrumentation, ça sort un peu de son style« , observe l’expert. Cependant, il précise que « c’est lui qui garde la main et que c’est lui qui fait les choix ou son équipe qui font les choix artistiques ».

« Le fin mot de l’histoire, c’est aussi je pense pour l’effet buzz que tout ça a été mis en place parce que effectivement ça lui rapporte cette polémique, elle lui rapporte aussi je pense beaucoup d’auditeurs« , poursuit Paul Fleury.

Au-delà de la polémique, cette affaire révèle les failles de la zone grise actuelle entre intelligence artificielle et musique. En effet, aucune obligation légale n’impose aux artistes de déclarer l’usage de l’IA dans leurs créations, même si certaines plateformes de streaming commencent à mettre en place des systèmes de transparence.

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