Privée d’accès à la scène européenne depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, Moscou a choisi d’orchestrer sa propre compétition internationale de chant, tenue le 20 septembre dernier.
Et le gagnant est Đức Phúc. Le 20 septembre, le chanteur, déjà lauréat de The Voice au Vietnam il y a dix ans, s’est de nouveau distingué en remportant l’Intervidenie (Intervision en français). Pour ceux à qui ce nom n’évoque rien, il s’agit du pendant russe de l’Eurovision, le célèbre concours européen de la chanson.
Créée en 1965, cette compétition, jadis réservée aux pays alliés du bloc soviétique sous le signe du folklore, était suspendue depuis le début des années 1990. Mais la défiance constante de Vladimir Poutine envers l’Occident a changé la donne.
En effet, depuis que la Russie a été exclue de l’Eurovision en 2022 après l’invasion de l’Ukraine, le président russe a choisi de relancer Intervision, dans un contexte de résistance aux sanctions occidentales. Une manière d’afficher à la fois son attachement à l’héritage soviétique et son désir d’ouverture vers la modernité.
Un festival salué pour son respect des cultures
Vingt-deux pays, de la Chine à l’Inde, en passant par la Serbie, le Venezuela, l’Égypte, l’Éthiopie ou encore l’Afrique du Sud, se sont ainsi produits à la Live Arena près de Moscou, sous le double sceau des « valeurs traditionnelles » et de l’innovation technologique.
Il faut préciser l’absence notable du candidat américain, dont le remplaçant australien a également jeté l’éponge sur fond d’accusations de pressions politiques formulées par les organisateurs.
Les prestations ont marqué par leur diversité, chaque pays s’exprimant dans sa langue natale, et le public a pu découvrir une palette musicale qui va du traditionnel à l’électro futuriste en passant par la scène rap.
Le concours s’est aussi voulu rassembleur, comme l’a illustré la chanson de clôture qui a réuni tous les participants pour un hymne universel, chanté dans les différentes langues représentées.
Le défi de la pérennité
Pour de nombreux analystes, Intervision remet à l’honneur l’esprit des anciens festivals, offrant une expérience musicale inclusive et familiale, loin des querelles géopolitiques et des mots d’ordre idéologiques souvent reprochés à son équivalent européen.
Dans la plupart des pays, pourtant, la compétition n’a pas été diffusée. « Relancer Intervision, c’est opposer une autre forme de divertissement à celle de l’Occident et renouer avec une tradition propre à la Guerre froide », décrypte Cyrille Bret, spécialiste des enjeux russes, dans une interview à BFMTV.
L’avenir dira si cette initiative saura durer, et si les autorités russes feront d’Intervision une véritable vitrine de leur soft power. Qu’en sera-t-il alors de la présence russe à l’Eurovision ? Dans tous les cas, l’avenir de la compétition et son impact international restent à prouver.
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