La participation d’Israël à la prochaine édition suscite le retrait de plusieurs nations, sur fond de tensions géopolitiques liées au conflit dans la bande de Gaza.
L’Espagne, l’Irlande, les Pays-Bas et la Slovénie ne seront pas de la partie à la 70e édition de l’Eurovision prévue en Autriche. Ainsi en ont décidé les quatre pays le 4 décembre dernier dans la foulée du maintien d’Israël dans le concours.
Réunie à Genève pour une assemblée générale consacrée à la réforme du règlement afin d’éviter toute influence extérieure, l’Union européenne de radiotélévision (UER), organisatrice de l’événement, a soigneusement évité d’aborder la question israélienne.
Le scrutin, officiellement centré sur de nouvelles dispositions techniques — telles que le renforcement du système de vote et la prévention des manipulations automatisées — a de fait validé la présence de l’État hébreu, sans véritable débat public sur ce sujet sensible.
Dans un contexte de guerre à Gaza, marqué par une crise humanitaire croissante, la participation d’Israël suscite un profond malaise parmi plusieurs pays européens.
Une contestation immédiate
« La situation à Gaza, malgré le cessez-le-feu et l’approbation du processus de paix, ainsi que l’utilisation du concours à des fins politiques par Israël, rendent de plus en plus difficile le maintien de l’Eurovision en tant qu’événement culturel neutre », déplore Alfonso Morales, secrétaire général de la chaîne publique espagnole RTVE.
L’Irlande, forte de ses sept victoires dans l’histoire du concours, qualifie la situation à Gaza d’« inadmissible » et refuse d’être associée à une édition incluant Israël dans un tel contexte.
Ce mécontentement est amplifié par le sentiment d’incohérence qui entoure la position de l’UER. L’organisation avait en effet exclu la Russie en 2022, après l’invasion de l’Ukraine, décision suivie peu après par celle du Bélarus. Un précédent qui avait déjà introduit la politique dans un concours se voulant apolitique.
Un événement pris dans la tourmente géopolitique
L’UER justifie pourtant la différence de traitement en affirmant que le diffuseur russe faisait un usage politique de ses antennes, ce qui ne serait pas le cas de son homologue israélien. « Ils disent que c’est leur façon de voir les choses, mais beaucoup de fans penseraient que c’est dommage« , commente Barbara Barrerero Leon, présentée par CNN comme une experte de l’Eurovision.
Suivie chaque année par des centaines de millions de téléspectateurs, l’Eurovision figure parmi les événements télévisés les plus populaires au monde. D’abord limité à l’espace européen, le concours s’est progressivement ouvert à d’autres régions, accueillant des pays comme Israël et l’Australie.
Mais cette vocation universaliste se heurte désormais à des tensions diplomatiques de plus en plus aiguës. « La politique a toujours fait partie du concours, souligne Barbara Barrerero Leon. L’usage des drapeaux, la représentation des nations et le rôle des télévisions publiques comportent inévitablement une dimension politique. »

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