Le célèbre dessinateur du Monde ne croquera plus l’actualité à la Une du quotidien du soir au-delà du 31 mars prochain. Une annonce qui met fin à près de 50 ans de collaboration, débutée en 1972.
Clap de fin pour Plantu au Monde. Le mariage entre le célèbre dessinateur et le quotidien français va prendre fin dans un peu plus de deux mois. C’est l’intéressé même qui l’a annoncé jeudi soir lors de l’émission Arrêt sur images, avant de le confirmer ce vendredi à l’AFP. Selon lui, il s’agit d’une décision prise de commun accord avec la direction du journal. « Cela fait bientôt dix ans que je demande au directeur du Monde qu’un petit jeune me remplace », a-t-il fait savoir. Pour le remplacer à la Une du journal : des dessins de l’association Cartooning for Peace dont il a participé à la fondation avec l’ancien secrétaire général de l’ONU, Koffi Annan, en 2007. Jean Plantureux alias Plantu, a par ailleurs indiqué que son départ à la retraite n’avait rien à voir avec la démission plus tôt cette semaine, de Xavier Gorce, un autre dessinateur du Monde. Celui-ci a notamment claqué la porte après que la publication d’un de ses dessins sur l’inceste a été jugée inappropriée par la hiérarchie.
Fin d’une époque
Le départ annoncé de Plantu marque la fin d’une ère dans le domaine du dessin de presse. Celle de l’audace, de la liberté de se moquer aussi. Jean Plantureux entré à la Bibliothèque nationale de France en 2018 a toujours revendiqué son côté impertinent, se refusant d’être étiqueté de quelque façon que ce soit. Partisan indécrottable de la liberté d’expression des artistes, il n’a jamais eu peur de décevoir. C’est même ce qui le définit. « Je veux décevoir tout le monde pour pouvoir jouir d’une liberté de ton et d’esprit », avait-il asséné. Mais son regard ces dernières années sur l’évolution du métier de dessinateur de presse n’incite pas à l’optimisme. À en croire le caricaturiste, la peur s’est emparée du milieu, encore davantage depuis les attaques de Charlie Hebdo. Les dessinateurs sont mal censurés par des journaux, quand ils ne se font pas eux-mêmes autocensurés. De fait, Plantu estime qu’un jeune aurait eu beaucoup de mal à exercer le métier à sa place de nos jours. Néanmoins, le septuagénaire appelle ses collègues à ne rien lâcher de ses principes, quitte à se faire traiter de tous les noms.
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