Un passage de « Jours de colère » de la romancière Sylvie Germain a été proposé en commentaire composé pour l’épreuve de français du baccalauréat. Il a dérouté de nombreux lycéens, dont certains n’ont pas hésité à insulter et menacer l’autrice. Ce texte n’avait pourtant rien de difficile de l’avis général. De quoi parle-t-il ? Quelle est l’histoire de l’œuvre ?
Adeptes des diplômes sans effort
Un extrait des « Jours de colère » de Sylvie Germain, tiré du chapitre « Les Frères », a été proposé cette semaine comme sujet du commentaire de texte de l’épreuve anticipée de français du baccalauréat 2022. Il a complètement dérouté de nombreux candidats, qui n’ont pas hésité à s’attaquer à l’auteur du roman pour exprimer leur frustration. Ils ont déversé un flot d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux. La plupart des Français ont condamné cette réaction des élèves, qui feraient preuve d’un enfantillage inacceptable. Dans une interview au Figaro, Sylvie Germain elle-même a jugé leur colère d’aussi « absurde qu’affligeant ». Elle a déploré une « haine de la langue, de l’effort de réflexion », ainsi qu’un manque « d’imagination, de curiosité, d’ouverture d’esprit ». Selon elle, il est claire que ces jeunes « veulent des diplômes sans aucun effort ».
Un texte plein de poésie et d’images
Comme la romancière, la plupart des adultes ne voient dans de difficultés dans le texte qui pousseraient à autant de haine. Mais que dit au juste l’extrait ? Portant sur le récit du Moyen Âge au XXIe siècle, le passage soumis à l’étude au baccalauréat présente les neuf fils d’Ephraïm Mauperthuis et de Reinette-la-Grasse. On peut notamment lire : « Ils étaient hommes des forêts. Et les forêts les avaient faits à leur image. À leur puissance, leur solitude, leur dureté. Dureté puisée dans celle de leur sol commun, ce socle de granit d’un rose tendre vieux de millions de siècles, bruissant de sources, troué d’étangs, partout saillant d’entre les herbes, les fougères et les ronces ». Ce texte plein de poésie décrit la sauvagérie de ces personnages par une métaphore filée et le champ lexical de l’univers minéral et végétal. Mais dans ces êtres, on pourra lire par la suite une humanité enfouie prête à éclore.
Violence, amour et excès réunis
Publiés le 12 septembre 1989 aux éditions Gallimard, les « Jours de colère » évoquent globalement des personnages épiques, animés par des forces primitives comme l’amour, la beauté, le désir et la violence. Ils sont pour la pluaprt bûcherons, flotteurs de bois et bouviers. L’action de ce roman se déroule dans les forêts du Morvan, loin du monde. Vincent Corvol, un riche propriétaire, a égorgé sa belle et sensuelle épouse, Catherine. Témoin du crime, le pauvre paysan Ambroise Mauperthuis décide de monnayer son silence. Il réussit à obtenir du meurtrier ses forêts ainsi que sa fille Claude qu’il destine à son fils aîné Éphraïm. Mais, ce dernier refuse la volonté de son père brutal et autoritaire. Il ne veut pas se faire complice d’un chantage moral. D’ailleurs, Éphraïm aime l’unique fille d’Edmée, Reine, « Reinette-la-Grasse ». Claude Corvol revient finalement à Marceau, le fils cadet docile d’Ambroise…
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