China Rare Earth Group : la Chine mise énormément sur la consolidation de l’industrie des terres rares

Un chemin dans une mine souterraine

 

La Chine vient d’obtenir la fusion de China Northern Rare Earth, l’un des plus grands producteurs chinois de terres rares, avec deux de ses sociétés holding. Cette opération vise à consolider le marché local afin d’augmenter la production et obtenir revalorisation des prix. Elle intervient sept mois après la création de China Rare Earth Group, un géant minier du sud.

Une consolidation des entreprises publiques

La Chine a adopté, en janvier 2020, un processus triennal de réforme des SOE (pour « State-owned enterprise ») dans un contexte de crise sanitaire et économique. Cette politique devrait permettre une production ordonnée et croissante grâce à la mise à disposition d’équipements et de moyens colossaux pour prévenir les crises. Elle doit également améliorer la concentration industrielle, renforcer la compétitivité et réduire les coûts de gestion. C’est dans ce cadre que Pékin a fusionné, début juin, la compagnie publique China Northern Rare Earth et deux de ses holdings. Un géant se met ainsi en place dans le nord du pays.

Au sud, il existe un mastodonte depuis décembre 2021. Il s’agit de China Rare Earth Group, né de la fusion des principaux fournisseurs de cette région (Minmetals Rare Earth, Chinalco Rare Earth & Metals et China Southern Rare Earth Group) et de deux sociétés de recherche (Ganzhou Zhonglan Rare Earth New Material Technology et de Jiangxi Ganzhou). Ce conglomérat pèse 62% de la production nationale de terres rares. Il est directement géré par la Commission de supervision et d’administration des actifs publics (SASAC), qui en détient 31% des parts au nom de l’Etat.

La Chine vise le monopole absolu du marché

Grâce à cette méga-entreprise, Pékin obtient un contrôle quasi-total de l’industrie. Il peut ainsi stabiliser sereinement sa production nationale. Le gouvernement souhaite toutefois injecter plus de moyens matériels et financiers pour permettre une hausse de la production. Son poids dans le monde a fondu ces dernières années, passant de 90% au début de la décennie 2010 à 58% en 2020. Or il souhaite se servir de son monopole sur ces métaux comme d’une arme géopolitique contre l’Europe et les Etats Unis. Ceux-ci dépendent respectivement à 90 et 80% de ses approvisionnements.

D’après un récent rapport de Shanghai Metals Market, la Chine devrait effectivement enregistrer une augmentation de sa production de terres rares grâce à ses nouveaux grands groupes, en particulier China Rare Earth Group. Cette hausse de la production sera tirée par la demande croissante de véhicules électriques (VE) et la multiplication de projets de transition énergétique en Europe (éoliens et solaire). En 2021, la production mondiale d’éléments de terres rares a atteint 280.000 tonnes, dont 168 000 tonnes pour la seule Chine (60%). En 2022, elle devrait croitre de 20 %.

Une revalorisation des prix

Ce qui permettra de répondre à la forte demande de l’industrie de pointe occidentale. L’Europe et les Etats Unis pourraient voir leurs approvisionnements progresser puisque la Chine augmentera de 30% sa production cette année. Au niveau des prix aussi, la tendance est haussière en Chine. Depuis plusieurs mois, ils ne font que grimper, sous l’impulsion de géant comme China Rare Earth Group.

On sait par exemple que l’indice des prix compilé par l’Association chinoise de l’industrie des terres rares a bondi de plus de 85 % en juin par rapport à la même période en 2021. Si c’est une bonne nouvelle, il faut prendre garde de ne pas créer une bulle. Voilà pourquoi Pékin a prié les entreprises de proposer des tarifs raisonnables, lors d’une réunion avec celles-ci en mars dernier.

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