
Donald Trump agite l’idée de taxer à 100% les productions cinématographiques diffusées sur le sol américain en provenance de l’étranger. Une fausse bonne idée, d’après de nombreux experts.
« L’industrie cinématographique américaine est en train de mourir très rapidement » et Donald Trump a une thérapie pour la réanimer : les droits de douane. Le locataire de la Maison Blanche a ainsi annoncé, dimanche 4 mai, le début du « processus d’instauration d’un tarif douanier de 100% sur tous les films entrants dans notre pays et produits à l’étranger ».
« Nous voulons que les films soient à nouveau réalisés en Amérique », a ajouté le président américain sur son réseau social Truth Social, avec l’emphase qu’on lui connaît. Cette mesure protectionniste s’inscrit dans la continuité de sa politique commerciale particulièrement offensive depuis son retour au pouvoir il y a à peine un peu plus de 100 jours.
Reste que cette directive adressée au Département du Commerce, dont le Secrétaire Howard Lutnick a indiqué s’en occuper, n’emballe pas grand-monde au sein de l’industrie américaine du cinéma. Bien au contraire, elle soulève de sombres perspectives.
Un remède pire que le mal
Cela part pourtant d’un bon diagnostic. À savoir que les délocalisations de tournages hors d’Hollywood se multiplient. De nombreux pays européens, le Canada ou encore la Nouvelle-Zélande proposent effectivement des avantages fiscaux considérables pour attirer les productions américaines sur leur territoire.
D’où le terme de « runaway productions » très connu dans le milieu. Mais le remède envisagé pourrait être plus dévastateur que le mal. En effet, contrairement à d’autres secteurs économiques américains caractérisés par un déficit commercial, l’industrie cinématographique et audiovisuelle américaine est en réalité excédentaire.
La Motion Picture Association (MPA), principal lobby de défense des intérêts des grands studios hollywoodiens, met en avant une proportion de 6% dans la balance commerciale. « Ça n’a aucun sens », souffle la consultante en divertissement Kathryn Arnold, dans les colonnes du Time Magazine.
C’est dire que le secteur est déjà performant à l’international et n’a certainement pas besoin de mesures protectionnistes aussi drastiques.
Une industrie à protéger à tout prix
Kathryn Arnold évoque un marché mondial du film à la fois si « complexe et interconnecté tant au niveau de la production que de la distribution » qu’il serait illusoire de prétendre déterminer les œuvres américaines produites à l’étranger de celles qui ne le sont pas.
Elle préconise plutôt à l’administration américaine la mise en place d’incitations, comme des crédits d’impôt – déjà offerts dans plusieurs États américains – afin de favoriser davantage de tournages aux États-Unis.
« Nous avons beaucoup plus à perdre qu’à gagner« , appuie de son côté William Reinsch, conseiller économique du Center for Strategic and International Studies et ancien président du National Foreign Trade Council, également interrogé par le Time.
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