« Once Upon a Time in Gaza » ou la genèse d’un enfermement

Le film, disponible dans les salles françaises depuis le 25 juin dernier, revient sur l’année 2007, période charnière qui a précédé l’escalade dramatique du conflit israélo-palestinien et l’aggravation de la situation humanitaire à Gaza.

« On a l’impression que les gens ont oublié ce qu’il se passait à Gaza avant le 7 octobre, qu’il y avait un siège israélien ». Cette déclaration du réalisateur Arab Nasser, rapportée par Orient XXI, illustre parfaitement les motivations d' »Once Upon a Time in Gaza », film qu’il a co-réalisé avec son frère Tarzan.

À travers ce long-métrage sorti en France le 25 juin – après avoir été primé au Festival de Cannes dans la catégorie « Un Certain Regard » – les deux réalisateurs palestiniens exilés à Marseille ont voulu créer un antidote contre l’oubli.

Ils rappellent que Gaza était déjà un enfer avant l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, situation sur laquelle Israël s’est depuis appuyé pour justifier une riposte militaire qui a fait, selon les autorités sanitaires de Gaza, plus de 56 000 morts à ce jour.

Trois personnages, reflet de la vie à Gaza

L’œuvre se concentre sur la période postérieure à la victoire du Hamas aux législatives de 2006, qui a précédé l’instauration du blocus israélien sur Gaza et l’érection d’un mur, « miroir d’un apartheid violent », selon le réalisateur, toujours sans nouvelles de sa famille restée au nord de Gaza, privée d’électricité et d’internet.

Trois personnages principaux se partagent la scène : Oussama, vendeur de falafel au grand cœur, Yaya, étudiant contraint d’abandonner ses études à cause du blocus, et Sami, policier véreux dont le destin se trouve lié à celui des deux autres.

Ce trio, conçu à l’image du western « Le Bon, la brute et le truand » (Sergio Leone, 1966), reflète la vie à Gaza, une vie qu’ils n’ont pourtant pas choisie. « Je ne sais pas quoi faire de ma vie. Je t’ai suivi dans un monde qui n’est pas le mien », lance ainsi Yaya à Oussama, qui lui rétorque : « Tu crois que c’est le mien ? ».

Le courage de l’espoir au cœur de la tragédie

L’originalité du film réside dans sa capacité à allier émotion et humour. « Les gens qui vivent dans la souffrance depuis des années connaissent tellement cette souffrance qu’ils peuvent en rire », analyse Arab Nasser auprès d’Orient XXI.

L’œuvre s’ouvre d’ailleurs sur une note pour le moins décapante avec la récente déclaration de Donald Trump évoquant la transformation de Gaza en « Riviera du Moyen-Orient » après déplacement des populations.

« C’est l’apogée de l’absurdité, dénonce le réalisateur. Trump parle de deux millions de personnes comme si c’étaient des objets, une marchandise qu’on peut déplacer d’un endroit à l’autre« .

« Once Upon a Time in Gaza » s’impose ainsi comme bien plus qu’un simple film sur le conflit palestinien. Il constitue une méditation sur la condition humaine face à l’adversité et sur la capacité de l’art à transcender les circonstances les plus sombres.

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