Un homme a été condamné ce mercredi à deux ans de prison avec sursis et 30.000 euros d’amende pour avoir volé en 2019 une œuvre de Banksy. L’accusé dit avoir agi à la demande de l’artiste de rue lui-même. Mais ce dernier a démenti. Le parquet avait requis 18 mois de prison et une amende de 50.000 euros.
Un homme a été condamné ce mercredi par le tribunal judicaire de Paris à deux ans de prison avec sursis et 30.000 euros d’amende pour avoir volé en 2019 une œuvre de Banksy. Ce graffiti connu sous le nom du rat de Beaubourg représente un rat muni d’un cutter dans ses pattes. Selon son auteur, qui évolue dans l’anonymat depuis des années, il rend hommage à la ville de Paris, cinquante ans après la révolte de mai 1968.
Un vol à la demande de Banksy, selon l’accusé
Le rat de Beaubourg a été peint au dos d’un panneau de parking du centre Georges Pompidou à Paris. L’accusé, du nom de Mejdi R. aurait été vu il y a cinq ans en train de découper à la disqueuse en pleine nuit une partie du panneau. Musicien et également street artiste, l’homme de 38 ans a reconnu les faits lors d’une séance le lundi 10 juin dernier. Cependant, il a assuré avoir agi à la demande de l’artiste de rue, qui serait un ami. Mais Banksy l’a désavoué dans un communiqué envoyé à plusieurs journaux français.
500.000 euros réclamé par le centre Pompidou
Qu’importe, Mejdi R a dit n’être plus en possession de cette œuvre. D’autres artistes, avec qui il l’a décrochée, l’aurait emportée en Angleterre. Le centre Pompidou, qui avait pris l’initiative de protéger le graffiti à l’aide d’une plaque en plexiglas avant le vol, a affirmé que le panneau était le sien et donc que le dessin lui appartenait. Le musée a réclamé au moins 500.000 euros de dédommagement. De son côté, le parquet avait requis 18 mois de prison, dont 10 avec sursis.
L’art de rue n’appartiendrait à personne
Mais l’avocat de la défense, Me Pierre-Eugène Burghardt, a défendu que l’art de rue n’appartient à personne. Et donc qu’on ne peut pas parler de « vol d’un bien culturel », cela d’autant que l’artiste même ne revendique pas sa création. Mejdi R a prétendu aussi que Banksy ne voulait pas que son œuvre finisse entre les mains du système capitaliste qui en tirerait profit. Il a d’ailleurs rappelé que l’énigmatique street artiste britannique a déjà planifié l’autodestruction de l’une de ses œuvres grâce à un mécanisme caché dans le cadre.
D’autres œuvres de Banksy dérobées
Au-delà du procès pour vol, c’est le statut juridique même de l’art de rue qui était en réflexion dans cette affaire. On se demande si ce type d’œuvre appartient au domaine public, à son auteur, à celui qui l’arrache ou au propriétaire du support. Ce n’est pas la première fois qu’un graffiti de Banksy disparait dans le décor. En 2022, huit hommes avaient été condamnés à deux ans d’emprisonnement ferme pour avoir dérobé la «Jeune fille triste», une création réalisée sur une porte du Bataclan, en hommage aux victimes de l’attentat de 2015.
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