Frantz Fanon à l’écran

Un long-métrage autobiographique devrait voir le jour l’année prochaine à propos du célèbre psychiatre martiniquais, connu comme l’une des voix les plus influentes de la lutte contre le colonialisme français.

Frantz Fanon est l’objet d’un film baptisé « Fanon » et dont la sortie officielle est prévue pour le mois d’avril 2025. À l’origine de cette œuvre décrite comme « sourcée et historique à 90% à peu près », figure le réalisateur guadeloupéen Jean-Claude Barny.

L’homme à qui l’on doit des films tels que Neg Marron, Le Gang des Antillais ou encore Tropiques amers se concentre notamment sur les années 1953-1956, période durant laquelle Fanon exerce comme médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida, au sud-ouest d’Alger.

Là-bas, le jeune martiniquais s’engage auprès du Front National de Libération (FNL), dès le début de la guerre en 1954, renonçant de fait à sa nationalité française. Un tournant dans le cadre de l’enracinement de la fibre anticolonialiste de celui qui reste à ce jour, une des figures les plus marquantes de ce fléau que fut le colonialisme.

Un sujet complexe et fascinant

« Dans le travail que je fais, j’essaie vraiment d’aller au bout de tout ce que je fais. Dans la précision, dans la légitimité, dans l’authenticité. Parce que c’est vrai que ce sont des films qui peuvent être portés dans une totale vérité », a déclaré le réalisateur, à l’occasion de la projection du film au festival « Dakar Court », du 9 au 14 décembre dans la capitale sénégalaise.

Cette projection, la deuxième après une première ayant eu lieu quelques jours plus tôt au Festival du film de Marrakech, a permis à Jean-Claude Barny de s’épancher sur les contours de son œuvre. Un travail à l’image du sujet évoqué : à la fois complexe et fascinant.

En effet, face à l’impossibilité d’obtenir des autorisations de tournage en Algérie, l’équipe a dû se replier sur la Tunisie – un autre pays d’accueil de Frantz Fanon – pour les scènes d’extérieur, et le Luxembourg pour celles de l’intérieur.

« Quand on a apporté le projet aux instances culturelles d’Algérie, je comprends totalement qu’ils aient refusé. Parce que c’est aussi, pour eux, quelque chose qui est encore vif », a-t-il déclaré.

Une œuvre à l’actualité brûlante

Pour le réalisateur, la sortie de ce film en préparation depuis dix ans, résonne particulièrement avec l’époque actuelle, notamment dans le contexte du conflit israélo-palestinien.

Il y voit un outil pour « remettre un peu de justesse » dans la compréhension des dynamiques de domination qui persistent dans le monde contemporain. « Fanon est fait presque pour l’état actuel du monde. Et je pense que c’est quelqu’un dont les écrits sont parfois nécessaires, sur un parcours d’un homme », a-t-il signifié au festival « Dakar Court ».

« C’est quelqu’un qui m’a guidé en tant qu’être humain, en tant qu’universaliste, en tant que cinéaste », a ajouté Jean-Claude Barny, cité par l’Agence de presse sénégalaise.

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