La gestion chaotique de la crise du Covid-19 en France révélée par une enquête explosive

Le nouveau livre « Les Juges et l’Assassin » lève le voile sur la conduite des affaires au sommet de l’État français pour contrer la crise sanitaire.

C’est un ouvrage qui fera date, car il embarque le lecteur dans les coulisses des institutions de la République française au cours de l’un des épisodes les plus marquants de l’histoire récente de l’existence humaine : la crise sanitaire due à la pandémie du Covid-19.

Dans leur livre-enquête baptisé « Les Juges et l’Assassin » disponible en librairie à compter de ce mercredi 22 janvier 2025 aux éditions Flammarion, les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme dévoilent les mécanismes et autres rapports de force qui ont prévalu parmi les différents responsables étatiques concernés par la gestion de cette période trouble.

Leur travail restitué sur près de 500 pages, grâce notamment à l’accès à une documentation particulièrement abondante issue de la procédure judiciaire menée par la Cour de justice de la République (CJR) sur ce dossier, met en lumière une série de dysfonctionnements majeurs.

Des alertes ignorées

Un condensé de laxisme, de dissimulation, de mensonges voire de menaces sourdes susceptibles d’expliquer les plus de 160 000 morts enregistrées en France au cours de la crise. Les autorités ont-elles sous-estimé la gravité de la menace qu’a représentée le Covid-19 ? À l’évidence oui.

« Je ne perds pas mes nerfs, je suis lucide, derrière vos décisions, ce sont des gens qui vont mourir », écrit notamment Agnès Buzyn, éphémère ministre de la Santé à cette période avant son départ pour une quête infructueuse à la mairie de Paris, à l’endroit de son Premier ministre Edouard Phillipe, en mars 2015.

Un message dont la tonalité traduit l’exaspération de l’auteure. Elle n’aura de cesse, en effet, d’attirer l’attention de Matignon et même de l’Élysée sur le danger qui pointe à l’horizon, sans jamais voir l’impression d’être véritablement entendue.

Un sentiment d’autant plus prégnant le premier tour des élections municipales avait été maintenu pour le 15 mars 2020, malgré ses objections répétées.

Une décision défendue par Benoît Ribadeau-Dumas (BRD), directeur du cabinet d’Edouard Philippe face aux juges, arguant qu’il fallait « un consensus politique et un consensus scientifique » pour interrompre le processus démocratique.

Une pénurie dissimulée

Sur l’épineuse question des masques, le livre met en lumière comment l’exécutif a dissimulé la réalité de la pénurie – seulement 65,9 millions de masques chirurgicaux disponibles au 23 janvier 2020 sur un besoin dix fois supérieur – par des communications trompeuses sur leur utilité.

« Tous les scientifiques disent jusqu’à avril 2020 que les masques ne servent à rien en population générale », disait notamment le chef du gouvernement à l’époque, tout en admettant en coulisses la gravité de la situation.

« Masques : on n’en aura pas assez = il faudra proba dégrader notre doctrine d’utilisation des masques = priorité au personnel de santé« , aurait écrit BRD, le 6 mars, d’après une note consignée l’ex-porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

L’enquête close depuis fin décembre 2024 en attente de l’ordonnance finale, n’a débouché sur la mise en examen d’aucun des principaux protagonistes – Édouard Philippe, Agnès Buzyn, mais aussi Olivier Véran successeur de ce dernier –, mais la CJR n’en a pas moins bavé.

Les juges ont ainsi dénoncé, dans une lettre confidentielle adressée au président de la Cour de cassation en octobre 2022, leur « isolement progressif » et « une certaine opposition à la communication spontanée de pièces » de la part du pouvoir.

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