Beyoncé, la reine des Grammy

La chanteuse texane a remporté le prix de l’album de l’année, mettant fin des années de débat sur une prétendue injustice à son égard.

La séquence en dit long. Quand Taylor Swift a annoncé que « Cowboy Carter » remportait le titre d’album de l’année aux Grammy Awards, dimanche 2 février, Beyoncé est restée figée sur sa chaise, incrédule, jusqu’à ce que sa fille Blue Ivy l’incite à se lever.

« Waouh, je ne m’attendais vraiment pas à ça », dira la lauréate une fois sur scène, avant d’ajouter plus loin : « Cela fait bien des années ». Une référence à peine voilée à sa longue quête pour ce prix considéré comme le Graal des Grammys, la récompense ultime de l’industrie musicale.

Cette victoire met fin en effet à quatre tentatives ratées de la part de l’artiste de 43 ans. Nominée en 2010, 2015, 2017, et en 2023 dans la catégorie de l’album de l’année, celle que l’on surnomme « Queen B » a vu chaque fois, le sacre lui a échappée.

Même lorsque de nombreux pronostics la voyaient gagner. Comme en 2017 quand la gagnante Adele avait regretté sur scène que « Lemonade », l’opus de Beyoncé en lice cette année-là, n’ait pas été récompensé.

Des accusations persistantes de racisme

« ‘Lemonade’ était tellement monumental. Beyoncé, tellement monumental et tellement bien pensé, tellement magnifique, incarné« , avait salué la star britannique avant de briser son trophée pour le partager avec l’épouse du rappeur Jay-Z.

Un moment de pur symbole alors que chacune des défaites de Beyoncé a toujours consacré un ou une artiste de couleur blanche. Une constante qui a tôt fait d’alimenter les accusations persistantes de racisme à l’encontre de l’interprète de « Crazy in Love ».

« Beyoncé a plus de Grammys que quiconque et n’a jamais remporté l’album de l’année. Même selon votre propre système de mesure, ça n’a pas de sens« , a dénoncé son époux plus tard en 2024 au moment de la réception d’une distinction pour l’ensemble de sa carrière.

Un album qui transcende les genres

Des accusations d’autant plus prégnantes que CNN révélait en 2021 seulement 26,7% des nominations pour l’album de l’année impliquaient des artistes noirs depuis la création des Grammys. Avec désormais onze sacres en comptant celle de Cowboy Carter.

Cette œuvre se distingue dans la discographie de la chanteuse plus connue pour le RnB, par son approche unique des racines musicales américaines. L’artiste a en effet délibérément privilégié les instruments traditionnels – banjos, orgues, cordes – tout en rejetant les filtres numériques et l’intelligence artificielle.

Le projet réhabilite par ailleurs l’héritage des artistes noirs dans la country, genre musical souvent associé au milieu conservateur des États-Unis. Au grand dam de la contribution des noirs à son essor. Beyoncé y rend d’ailleurs un hommage appuyé à Linda Martell, première femme noire à s’être produite au Grand Ole Opry.

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