L’Eurovision sous pression

Les organisateurs du concours européen de musique sont appelés à fermer la porte à Israël, accusé de « génocide » dans la bande de Gaza.

« Nous refusons de permettre que la musique soit utilisée comme un outil pour blanchir des crimes contre l’humanité ». La lettre adressée il y a quelques jours par d’anciens participants de l’Eurovision à l’Union européenne de radiotélévision (UER), l’organisme qui chapeaute l’Eurovision, est sans équivoque sur les accusations portées contre Israël.

Yuval Raphael, la candidate du pays ainsi que sa chaîne de télévision publique KAN, sont notamment dans le collimateur des signataires, au nombre de 72.

« KAN est complice du génocide d’Israël contre les Palestiniens à Gaza et du régime d’apartheid et d’occupation militaire qui dure depuis des décennies contre l’ensemble du peuple palestinien », pointent les auteurs dans le texte publié dans les colonnes du quotidien britannique The Independent.

Parmi les signataires figurent des personnalités marquantes de l’histoire du concours, dont Charlie McGettigan, lauréat irlandais de l’édition 1994, et Fernando Tordo, vainqueur portugais en 1973, entre autres.

Le cas russe comme précédent

Les auteurs du document reprochent à l’UER d’avoir intégré Israël au concours l’année dernière, « alors qu’il poursuivait son génocide à Gaza, diffusé en direct pour que le monde entier puisse le voir ».

« Plutôt que de reconnaître les critiques généralisées et de réfléchir à ses propres échecs, l’UER a réagi en s’obstinant, accordant une impunité totale à la délégation israélienne tout en réprimant d’autres artistes et délégations« , insistent-ils en référence à la Russie.

Le pays de Vladimir Poutine a été exclu de l’Eurovision en 2022 en raison de son invasion de l’Ukraine. Une décision motivée d’après les organisateurs, par le souci de préserver la réputation du concours. De quoi susciter des critiques de nombreux participants, dont l’Islande, la Finlande, la Norvège ou encore les Pays-Bas.

« Nous n’acceptons pas ce ‘deux poids, deux mesures’ avec Israël », dénonce la lettre, qui exécute le silence comme une option.

La géopolitique au cœur d’un événement culturel

À quelques jours seulement de la grande finale de l’Eurovision prévue pour le samedi 17 mai à la St. Jakobshalle à Bâle, en Suisse, cette offensive anti-Israël vient rappeler, si besoin en était, à quel point les tensions géopolitiques peuvent interférer dans cet événement souvent présenté par certains comme apolitique.

Même si les organisateurs sont désormais mis face à leur contradiction, il est peu probable qu’ils accèdent à la demande de « la bande à 72 ».

« Nous sommes sensibles aux actualités, mais c’est aussi notre rôle de s’assurer que le concours reste universel en promouvant le lien humain, la diversité et l’inclusivité à travers la musique« , a fait valoir Martin Green, directeur du concours, auprès de The Independent.

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