Il y a des livres qui réveillent. Non pas par l’exagération ou la peur, mais par leur lucidité calme, leur capacité à nommer ce que l’on pressent sans toujours le formuler. Être en cybersécurité, signé Christophe Mazzola et publié aux éditions Spinelle, appartient à cette catégorie. Loin des manuels anxiogènes ou des guides techniques hermétiques, ce texte assume un rôle rare dans le paysage éditorial français : faire de la cybersécurité un objet de pensée, une question politique et intime, une compétence nécessaire au XXIe siècle.
Christophe Mazzola sait de quoi il parle. Auditeur, formateur et spécialiste de la gouvernance numérique, il a côtoyé les administrations, les citoyens, les professionnels, les néophytes. Son regard est affûté, mais jamais condescendant. Il ne s’étonne pas de notre méconnaissance : il la contextualise, il l’explique, il y répond. Dans une langue claire, efficace, parfois teintée d’ironie, il démonte les mécanismes d’exposition aux cybermenaces : réutilisation des mots de passe, ingénierie sociale, stockage imprudent, failles comportementales. Mais surtout, il nous montre que la faille principale n’est pas technologique : elle est humaine.
Penser la cybersécurité comme un enjeu culturel
Ce que ce livre accomplit, au-delà de son contenu pratique (gestionnaires de mots de passe, authentification à deux facteurs, audit personnel…), c’est un déplacement du regard. Il nous amène à considérer la cybersécurité comme un enjeu culturel, presque civilisationnel. Dans un monde où notre vie sociale, financière, professionnelle et affective est interconnectée, savoir se protéger devient un prolongement naturel de l’éducation, de la citoyenneté, de la responsabilité.
Mazzola convoque parfois la philosophie sans le dire. Lorsqu’il évoque la “surface d’attaque” que chacun de nous représente, il parle en réalité de notre exposition contemporaine, de notre vulnérabilité devenue structurelle. Et quand il invite à la cyber-résilience, il formule une réponse à l’angoisse moderne : apprendre à anticiper, à réparer, à continuer, même après l’intrusion.
Un texte qui mérite de durer
On aurait tort de classer Être en cybersécurité parmi les ouvrages purement conjoncturels. Sa force, c’est précisément de ne pas courir après l’actualité technique, mais de poser des fondations durables : la sécurité comme hygiène de vie, comme réflexe critique, comme apprentissage du doute. À l’heure des IA génératives, du deepfake et de la surveillance diffuse, le propos du livre dépasse largement les simples gestes de protection numérique : il s’agit d’outiller l’esprit.
À recommander aux étudiants, aux enseignants, aux parents, mais aussi aux curieux et aux sceptiques. Non pas comme un traité technique, mais comme un acte de transmission. Et peut-être, comme un livre de chevet pour toute personne décidée à ne plus subir l’opacité du monde numérique.
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