South Park, cauchemar de Trump

La série d’animation culte se démarque par son humour acide envers le président américain et son entourage, à une époque où l’administration fédérale use de tous les moyens pour soumettre la création artistique.

« South Park n’est plus pertinent depuis plus de vingt ans. L’émission ne tient plus qu’à un fil, enchaînant des idées sans éclat dans une tentative désespérée d’attirer l’attention. » Le 24 juillet dernier, la Maison-Blanche publiait un communiqué exprimant tout le mépris qu’elle nourrit à l’égard de la série phare de Comedy Central.

Et pour cause : à l’occasion du lancement de sa 27e saison, la production venait de tourner en dérision Donald Trump, dans une mise en scène rappelant celle consacrée jadis au dictateur irakien Saddam Hussein.

Le président américain y était en effet représenté dans le lit avec Satan, lequel – comme on l’apprendra plus tard –  attendait un enfant de lui. Si la crudité de la scène a pu choquer, elle ne faisait pourtant que prolonger l’irrévérence signature des créateurs de South Park.

Imaginée par Trey Parker et Matt Stone, et diffusée depuis le 13 août 1997, la série produite par Paramount a su allier humour noir, satire politique et intrigue délirante, repoussant sans cesse les limites du politiquement correct à la télévision.

Une satire qui assume le trash politique

Après deux ans de pause, décidée pour éviter de couvrir directement la présidentielle de 2024, le programme culte a repris de plus belle, livrant épisode après épisode une vision mordante de l’Amérique trumpienne.

On y découvre ainsi que le vice-président américain, JD Vance, rongé par la jalousie, craint que le bébé démoniaque ne fasse obstacle à ses ambitions présidentielles pour 2028. Vance élabore alors un plan pour contraindre le démon à avorter, tout en entretenant en coulisses une liaison secrète avec le président.

Matt Stone et Trey Parker ont toujours utilisé South Park comme miroir des dérives sociales et politiques américaines, mais les dernières saisons portent ce commentaire à un niveau d’engagement inédit.

Un exemple de résilience à l’ère de l’auto-censure

Intelligence artificielle, réseaux sociaux, désinformation, immigration, conflit israélo-palestinien.. tout sert de matière à la critique d’un univers façonné par le mouvement MAGA, ses figures et ses excès.

Trey Parker confiait pourtant en 2024, dans Vanity Fair, ne plus savoir quoi dire sur Donald Trump. Mais la réalité dépasse toujours la fiction lorsqu’il s’agit du dirigeant républicain. Dans un paysage culturel tétanisé par la polarisation politique et la peur de l’autocensure face aux représailles du pouvoir, South Park fait figure d’exception.

« Je sais qu’avec l’affaire Colbert (l’animateur du Late Show que Paramount aurait déprogrammé sous la pression de l’administration Trump) et tout ce qui entoure la présidence, beaucoup imaginent des choses. Mais ils nous laissent faire ce que nous voulons, il faut leur reconnaître ça », concédait récemment Stone dans un entretien au New York Times à propos de la chaîne.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.