La France se trouve-t-elle au bord d’une guerre civile comme dans « La Fièvre » ? Après sa victoire aux européennes dimanche, le RN pourrait prendre le pouvoir en juillet à l’issue des législatives anticipées. Cette sombre perspective fait peur et attise les tensions comme dans la série d’Éric Benzekri.
Le Rassemblement National (RN) est le grand vainqueur des élections européennes qui ont eu lieu en France le dimanche 9 juin. La liste de Jordan Bardella, « La France revient ! », a récolté 31,37 % des suffrages. Ce qui lui permet d’obtenir 30 sièges au Parlement européen (sur 81). Renaissance et le Parti Socialiste arrivent loin derrière avec 14,6 % et 13,83% des suffrages.
Un appel à l’union pour faire barrage au RN
Les sondages ont prédit cette victoire depuis plusieurs mois, et ils donnent encore la première place au RN pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochains. Le parti d’extrême droite se retrouve ainsi aux portes du pouvoir. Cette situation fait monter brusquement la peur et la tension. Des étudiants, syndicats et partis politiques sont descendus dans la rue lundi, partout en France, pour appeler à faire barrage au camp de Marine Le Pen. Ils craignent tous une poussée du racisme et de l’antisémitisme, ainsi qu’un recul de la démocratie et des libertés.
Macron évoque « La Fièvre » qui s’empare de la France
Le contexte actuel fait penser à « La Fièvre », une série créée par Éric Benzekri et dont la saison 1 a été diffusée sur Canal+ en avril dernier. Emmanuel Macron a d’ailleurs semblé y faire allusion dans son discours donné dimanche après la publication des résultats. Il a parlé d’« une fièvre qui s’est emparée ces dernières années du débat public et parlementaire » en France. Dans cette œuvre cinématographique, le réalisateur analyse de façon implacable les dangers de la polarisation idéologique. Il nous plonge dans une tornade sociétale déclenchée par un fait anodin.
« La Fièvre » met face à face indigénistes absolutistes et libéraux
Un jeune joueur noir, Fodé Thiam (joué par Alassane Diong), agresse son entraîneur blanc et lui crie dessus « sale toubab » (« sale blanc »). Il n’en fallait pas plus pour enflammer les réseaux sociaux, sous la houlette de l’extrême droite. Marie Kinsky (Ana Girardot), une stand-uppeuse de l’ultradroite, répand la haine et le racisme sur ses comptes en ligne. Elle s’en délecte. Sam Berger (Nina Meurisse), une juive d’origine qui rêve de réparer la France, veut la contrer en vain. La bataille est déclenchée entre indigénistes absolutistes et libéraux.
En France, la crainte d’une guerre civile
« La Fièvre » décrit en quelque sorte la mécanique de l’extrême droite qui instrumentalise le chaos et attise la haine pour gagner du terrain. Au moment où le RN est proche de prendre la tête du gouvernement, cette série sonne comme une prophétie, un avertissement. De nombreux Français craignent que le parti de Jordan Bardella ne provoque une guerre civile à force de polariser le débat politique en s’appuyant sur une crise identitaire.
Une peur irrationnelle du Rassemblement national ?
Cette menace de l’extrême droite serait d’autant sérieuse qu’il existerait des groupuscules de militants violents et parfois armés. L’ex directeur de la DGSI, Patrick Calvar, a déjà alerté sur ce danger en 2016 lors d’une audition à l’Assemblée nationale. Mais le RN pourrait-il vraiment faire basculer la France dans une guerre civile ? Il va peut-être falloir garder raison. En Italie, l’apocalypse annoncée avec l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni n’a pas eu lieu. Soyons donc positif.
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