Pourquoi la Libye ne répond plus

Un nouveau documentaire permet de comprendre les causes de l’instabilité libyenne depuis 2011. Un pays stratégique géographiquement, mais surtout au regard de ses richesses naturelles, principales motivations des acteurs qui prétendent le sauver.

« Fallait-il tuer Kadhafi ? », se demandait fort opportunément dans un livre en 2014, soit trois ans seulement après la mort toujours mystérieuse du guide libyen, Jean Ping, ancien patron de la Commission de l’Union africaine (UA). Tant le pays d’Afrique du Nord certes pas réputé pour sa culture démocratique semblait basculer dans l’anarchie totale.

Sept ans après cet essai de l’ancien diplomate Gabonais, force est de constater que la situation n’a guère changé en Libye. Le vaste État – plus d’un million de kilomètres carrés – s’enlise chaque jour un peu plus dans le chaos à force d’être disputé par des puissances étrangères. C’est aux sources de cette lutte d’influence que le nouveau documentaire de Kamal Redouani, Libye, disparition d’un État, promène le lecteur sur France 5 le 14 novembre.

Ingérence permanente

Pendant 70 minutes, le grand reporter, auteur de plusieurs œuvres de renom, sillonne le pays en quête de réponses sur les causes de la déliquescence libyenne depuis l’assassinat de son emblématique président Mouammar Kadhafi en 2011. Apparaît au grand jour, une forte présence étrangère sur fond de positionnement stratégique afin de profiter des restes d’un pays sans État, où la quasi-totalité du territoire est minée par des milices et autres mercenaires. Au cœur de cette coalition hétéroclite, les mêmes puissances ou presque qui avaient précipité le pays au bord du précipice il y a dix ans à travers l’OTAN. À savoir : la France, l’Italie, le Royaume-Uni entre autres.

À ceux-là s’ajoutent de nouveaux acteurs dont la Turquie, la Russie et la Syrie, qui n’entendent pas le moins du monde rester en marge des enjeux économiques sur place. Car oui, le pays a beau être divisé, il n’en reste pas moins une porte d’entrée vers la Méditerranée avec qui plus est, d’énormes ressources pétrolières et gazières. Il faut donc pour chacune de ces nations étrangères, œuvrer par tous les moyens pour leurs intérêts. Quitte à vendre des armes – le cas de la Russie, mais aussi de la Chine – aux différentes factions.

Le mirage de la stabilité

Les Libyens interrogés par Kamal Redouani ne sont pas dupes de la convoitise suscitée par leur pays aux yeux du monde. La France particulièrement y voit sa crédibilité entamée, même si Emmanuel Macron s’obstine à croire en une transition politique avec la présidentielle prévue fin décembre. Mais pour de nombreux observateurs, les préalables à un retour à la normale sont loin d’être remplis.

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