Pour enrayer la montée de l’antibiorésistance dans le monde, les chercheurs et les entreprises biotech ont multiplié les travaux scientifiques ces dernières années. En 2023, on compte quelques résultats prometteurs. On liste les plus notables dans cet article.
En 2019, la résistance aux antibiotiques a fait au moins 1,3 million de décès dans le monde. Ce chiffre pourrait grimper jusqu’à 10 millions de victimes par an d’ici 2050. Face à cette sombre perspective, l’Organisation mondiale (OMS) a appelé en juillet 2022 à développer des vaccins contre les superbactéries à l’origine de l’antibiorésistance, qu’elle qualifie d’épidémie silencieuse. Elle souhaite de préférence un traitement avec un nouveau mode d’action.
L’université de Californie du Sud prépare un remède prometteur
Ses attentes pourraient être bientôt comblées. En effet, ces dernières années, des chercheurs et des entreprises de biotechnologies ont annoncé des résultats positifs de vaccin contre l’antibiorésistance, notamment chez les infections nosocomiales. La découverte la plus récente est celle d’une équipe de scientifiques de l’université de Californie du Sud. Fin septembre dernier, elle a dévoilé la mise au point d’un vaccin permettant au système immunitaire de détruire plusieurs souches de bactéries. Parmi lesquelles Staphylococcus aureus, Enterococcus faecalis et Pseudomonas aeruginosa.
Activation des cellules immunitaires macrophages
Le vaccin expérimental des chercheurs américains adopte une approche innovante. Il alerte le système immunitaire et le prépare à une attaque en activant les cellules immunitaires macrophages. Ces derniers neutralisent rapidement les envahisseurs (virus, bactéries, champignons) et les empêche de se multiplier. Les essais sur des souris ont été concluants. Les inventeurs veulent maintenant passer à l’étape supérieure, c’est-à-dire des tests sur les êtres humains. Dans ce cadre, ils ont créé une start-up et déposé un brevet.
Noso-502, un vaccin avec un nouveau mode d’action
L’OMS pourrait également compter sur le traitement de Nosopharm. Cette biotech française, lauréate de l’édition 2023 de la French Tech Health20, a conçu un antibiotique first-in-class combattant les agents pathogènes à gram, responsables des infections nosocomiales. Baptisé Noso-502, son vaccin utilise un nouveau mode d’action. Il cible avec précision le ribosome bactérien pour tuer les virus et annihiler leur capacité à se répliquer. Cet antibiotique a été mis au point à partir de Photorhabdus et Xenorhabdus, deux bactéries du sol inexploitées, mais à grand potentiel pharmaceutique.
Nosopharm annonce des tests chez l’Homme
Selon les résultats positifs d’une étude BLP publiée en juin 2022, Noso-502 a montré une efficacité totale contre les agents pathogènes à gram, y compris contre les souches les plus problématiques. A savoir Staphylococcus aureus, Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae. Nosopharm a annoncé le lancement de tests chez l’Homme, avant une potentielle commercialisation. Le groupe nîmois a remanié son conseil de surveillance pour mener cette dernière étape. La nouvelle équipe devra signer des partenariats publics et privés et opérer des tours de table.
Production de médicaments intelligents
En France, les chercheurs de l’Inserm travaillent également sur des virus tueurs de bactéries, pour lutter contre l’antibiorésistance. Ils ont produit un vaccin expérimental, utilisé dans le cadre d’essais cliniques. En outre, on peut relever le recours à l’intelligence artificielle (IA) pour produire des vaccins efficaces à partir d’une énorme base de données de traitements. Certains chercheurs ont ainsi pu fabriquer des médicaments intelligents, appelés « éligobiotiques », capables de cibler très précisément les bactéries.
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