Dr Semmelweis : le pionnier incompris du lavage de mains

Portrait du médecin hongrois Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865), pionnier incompris du lavage de mains (l’asepsie) en milieu hospitalier.

 

En 1924, Louis-Ferdinand Céline soutient sa thèse de médecine à Paris. Son sujet : le cas du médecin hongrois Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865), pionnier incompris du lavage de mains (l’asepsie) en milieu hospitalier. Un essai qui résonne tout particulièrement avec l’actualité, à l’heure de la lutte contre le coronavirus.

« La forme n’a pas d’importance, c’est le fond qui compte. Il est riche à souhait, je suppose. Il nous démontre le danger de vouloir trop de bien aux hommes. C’est une vieille leçon toujours jeune. Supposez qu’aujourd’hui, de même, il survienne un autre innocent qui se mette à guérir le cancer. Il ne sait pas quel genre de musique on lui ferait tout de suite danser ! (…) Rien n’est gratuit en ce bas monde. Tout s’expie, le bien, comme le mal, se paie tôt ou tard. Le bien c’est beaucoup plus cher, forcément », écrit Louis-Ferdinand Céline en 1924 dans son essai sur Ignace Philippe Semmelweis. Le futur auteur de Voyage au bout de la nuit (1932) y retrace le parcours de ce brillant médecin Hongrois, pionnier incompris du lavage de mains (l’asepsie) en milieu hospitalier.

Un taux de mortalité de très bas dans le service gynécologie-obstétrique avec le lavage des mains

En 1846, Ignace Philippe Semmelweis s’intéresse à la fièvre puerpérale, laquelle emporte de nombreuses femmes qui accouchent à l’hôpital. Il réalise que les touchers intimes effectués par des étudiants, sans hygiène et avec brutalité, causent probablement les infections. Le chirurgien et docteur en obstétrique évoque des « particules cadavériques » car on ignore encore à l’époque qu’il s’agit de microbes. En mai 1847, il parvient à convaincre son ancien service à Vienne d’imposer une désinfection des mains entre le travail d’autopsie et d’examen des patientes. Le constat est sans appel : le taux de mortalité passe de 12% à 2,3% avant de tomber à 1,3%. La notion d’asepsie est née. Autrement dit, l’idée de prévenir les infections par des mesures d’hygiène.

Mais certains de ses collègues trouvent « son orgueil insupportable », ses exigences « ridicules » et « vexatoires ». La communauté médicale dans son ensemble accepte mal de voir ses certitudes bouleversées. On explique encore largement certaines maladies par l’antique théorie des « humeurs », c’est-à-dire un déséquilibre entre quatre états (chaud, froid, sec et humide) constitutifs du corps humain. On refuse surtout de reconnaitre que les médecins peuvent être la cause de tant de morts. Semmelweis est finalement révoqué.

Le Dr Semmelweis sombre dans la folie et meurt en 1865

En 1861, le docteur hongrois publie Die Ätiologie, der Begriff und die Prophylaxis des Kindbettfiebers, un livre de 500 pages sur sa découverte qui égratigne au passage la communauté scientifique. En vain ! L’establishment s’est définitivement dressé contre lui. L’homme perd de sa combativité. Il est en proie à des soucis financiers et vit reclus chez lui, dans le plus grand dénuement. Peu à peu, il sombre dans la folie. Interné en 1865, il meurt deux semaines plus tard.

« Voici la triste histoire de P.I. Semmelweis, né à Budapest en 1818 et mort dans cette même ville en 1865. Ce fut un très grand cœur et un grand génie médical. Il demeure, sans aucun doute, le précurseur clinique de l’antisepsie, car les méthodes préconisées par lui, pour éviter la puerpérale, sont encore et seront toujours d’actualité. Son œuvre est éternelle. Cependant, elle fut, de son époque, tout à fait méconnue (…) Pasteur, avec une lumière plus puissante, devait éclairer, cinquante ans plus tard, la vérité microbienne, de façon irréfutable et totale. Quant à Semmelweis, il semble que sa découverte dépassa les forces de son génie. Ce fut, peut-être, la cause profonde de tous ses malheurs », conclut Céline dans sa thèse.

Un parallèle avec le Pr Didier Raoult ?

Une fois docteur, Louis-Ferdinand Céline sera embauché par la Fondation Rockefeller et travaillera pour l’Institut d’hygiène de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU. Il livrera notamment un essai médical sur l’usage de la quinine, en 1925. La quinine, cette molécule utilisée pour lutter contre le paludisme, qui a précédé la chloroquinine ou chloroquine. De quoi nous faire penser au Professeur Didier Raoult, éminent infectiologue français, lui aussi vilipendé par ses pairs après avoir prétendu qu’il a découvert le remède du Covid-19. Pourtant, il a bel et bien obtenu de très bons résultats avec son protocole à l’Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée infection à Marseille.

91,7% de guérisons à l’IHU

Selon le Pr Didier Raoult, son traitement à base d’hydroxychloroquine (un dérivé de la chloroquine) et d’azithromycine (un antibiotique) sur 1061 patients malades du Covid-19 a guéri 973 patients (91,7 %) en 10 jours. Il assure que « la combinaison hydroxychloroquine-azithromycine, lorsqu’elle est démarrée immédiatement après le diagnostic, est un moyen sûr et efficace pour le traitement du Covid-19, avec un taux de mortalité de 0,5%, chez les patients âgés ». Malheureusement personne ne l’écoute. Pis, des études sortent régulièrement pour nier l’efficacité de son protocole. Seuls quelques pays africains veulent bien lui faire confiance, dont le Sénégal qui s’en sort d’ailleurs très bien avec un nombre élevé de guérisons. Lui aussi aura-t-il raison, seul contre tous ?

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