Un rappeur, docteur en neurosciences ? On en n’a pratiquement jamais vu avec cette casquette en France et ailleurs dans le monde. C’est pourtant le profil de Pierre-Hugues José, alias PHJ, un artiste franc-comtois qui bouscule les codes d’un genre au style reconnaissable entre mille.
Grandes lunettes et chevelure un peu en pagaille. Ça n’a rien du look d’un rappeur, qu’il soit poetry, hardcore ou autre. Et pourtant c’est le style de Pierre-Hugues José, alias PHJ, un rappeur franc-comtois bien atypique qui a enflammé les scènes de France cet été. Mais sa particularité ne se limite pas à son apparence. Bien plus, elle s’exprime davantage dans son titre de docteur en neurosciences. Et ce n’est pas une blague. Sa thèse de 90 pages est accessible en ligne sur le thème : « Modifications métaboliques lors de l’activation cérébrale : suivi par spectroscopie de résonance magnétique nucléaire du proton et du carbone 13 ».
Initié au rap au lycée par un ami
« Du jour au lendemain, je suis passé de docteur à rappeur-chômeur », résume l’artiste, qui commence à se faire un nom dans l’univers du rap français. C’est en 2020 que le jeune homme de 34 ans a tout plaqué pour explorer sa passion pour la musique, car, dit-il, rester en blouse toute la journée le rendait triste. Mais sa passion pour le rap date des années lycée. Après avoir écouté du jazz, de la chanson française et du rock au sein de sa famille à Vesoul, il avait été initié par un ami du collège. Il avait commencé par Oxmo, Disiz, Orelsan, Sniper, Vald et Flynt (son préféré à l’époque). Le rap à l’ancienne !
De brillantes études en parallèle
Comme Pierre-Hugues José écrivait déjà pas mal de poésies, il fut conquis par cet art cousin qui repose également sur des textes avec figures de styles et des rimes. A l’âge de 16 à 18 ans, il sort deux petits albums qu’il distribue dans le coin. A l’époque, l’artiste s’appelait encore Jordy Blanc. Mais il n’avait pas encore assez de courage pour révéler sa passion du rap à ses parents. Ces derniers l’auraient pris comme une crise d’adolescence et il y aura eu des conflits. Pierre-Hugues José a donc poursuivi ses études, qui furent brillantes. Il a ainsi pu montrer à ses parents que la musique n’était pas une simple lubie, mais un choix assumé.
Premiers succès avec des reprises de comptines
Et il a fait le bon choix. Avec deux Masters et un doctorat en poche, Pierre-Hugues José pouvait se lancer dans le rap sans passer pour un raté. Il pensa d’abord à changer de blaze et opta pour PHJ, à partir des initiales de son nom. C’est bien plus original. L’artiste commence par balancer de courts freestyle sur YouTube et d’autres réseaux sociaux. Cependant, c’est avec ses reprises de comptines qu’il se fait remarquer par un manager. En 2020, PHJ écrit son premier titre « Méchant », consacré aux violences domestiques. Il sortira un clip plus tard.
Plusieurs apparitions à des spectacles de musique
Le natif de Besançon (Doubs) aura ensuite l’opportunité de faire plusieurs scènes. Notamment les Inouïs du Printemps de Bourges en 2022, les Francophonides de Pierre-Bénite et le festival Rolling Saône à Gray en 2023, avant sa série de concerts pendant l’été. A chaque fois, le rappeur propose son style à part, rehaussé par son fort accent franc-comtois. Cet accent cul-terreux, il le revendique volontiers. Selon lui, il permet de différencier son rap de celui de la banlieue, plutôt stigmatisé par la bourgeoisie à cause du langage parfois ordurier.
Egalement artiste-comédien en ligne
PHJ souhaite également représenter la France des campagnes, la France d’en bas. Mais globalement, le docteur en neurosciences navigue entre les mondes afin de conquérir un large public. Aujourd’hui, il ne regrette pas d’être passé de savant fou à rappeur fou. Sa reconversion se passe plutôt bien puisqu’il vit maintenant de sa passion en tant qu’artiste-indépendant. PHJ réalise aussi de nombreux sketchs en ligne, avec l’aide de sa compagne, qu’il appelle sa « délicieuse ». Ses vidéos plaisent sur ses réseaux sociaux, en particulier sur TikTok, Instagram et Facebook, où il a des centaines de milliers d’abonnés.
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